Les auteurs de romans historiques apprécient les scènes de duel. Alexandre Dumas n’hésite pas à y recouvrir. Le meilleur exemple n’en est-il pas les duels lancés par d’Artagnan successivement à Athos, Portos et Aramis?
Que dire du Comte de Montecristo ? Je ne manque jamais de laisser échapper une larme, et peut-être plus, quand le comte se prépare pour son duel contre Albert de Mortcef. Il se sait supérieur à son adversaire, mais son intention est tout de même de mourir, car il a promis à Mercedes de ne pas lui prendre son fils…
Alexandre Dumas n’est pas le seul auteur à utiliser ce genre de scènes. Dans son roman Bel-Ami de Maupassant, représente de manière réaliste un duel fictif entre les rédacteurs de La Plume et de La Vie française, Louis Langremont et Georges Duroy.
Des auteurs contemporains n’hésitent pas non plus à introduire ce genre de scènes dans leurs romans.
Ainsi, dans les premiers tomes des chroniques de Bridgerton, Antony, l’ainé de la fratrie, défie en duel le duc de Hastings pour avoir déshonoré sa petite sœur Daphné.
Moi-même, dans Le Cinquième Homme, je débute et clôture le roman sur deux scènes de duels en miroir. Quoi de plus dramatique de mettre la vie de votre héros en danger !
I. le déroulé du duel
I. le déroulé du duel
Le choix des armes
Les duellistes doivent choisir entre plusieurs armes. Ils peuvent se défier au pistolet, à l’épée ou encore au sabre. Ces derniers sont toutefois essentiellement l’apanage des militaires.
Les duels datent d’avant l’invention du pistolet aussi ce dernier a mis quelques temps à s’insinuer dans la pratique, l’épée étant l’arme le plus largement utilisée.
Néanmoins, avec les progrès techniques et notamment de la poudre, certains duellistes se sont tournés avec cet engin plus moderne. Le choix a varié selon les pans de la société.
Ainsi les hommes de la haute société utilisent plus volontiers l’épée tandis que les hommes politiques et de lettres préfèrent le pistolet.
Le déroulé du duel
Dans les deux cas, les duellistes se trouvent en présence de témoins, mais aussi du directeur du combat et de médecins. Les règles du duel à l’épée sont relativement simples :
- Les duellistes ne peuvent pas être âgés de moins de vingt et un ans et de plus de soixante ans,
- La rencontre doit se dérouler sur un terrain de trois mètres de large au minimum,
- Les armes doivent peser 750 grammes maximum et les lames doivent mesurer au plus 90 cm,
- Les combattants sont examinés par les témoins afin de s’assurer qu’ils ne portent pas de protections,
- Le directeur du combat doit rappeler les conditions transcrites sur le procès-verbal avant le duel et dire : « Allez, Messieurs ! »,
- Les adversaires doivent cesser toute action au moment où le directeur crie « Halte ! »,
- Il est interdit de porter des gants ou encore de frapper un homme à terre.
Le code du duel consacre deux sortes de rencontres aux pistolets : le premier est dit « au commandement » tandis que le second est dit « à marcher ».
Le duel « au commandement » est le cas le plus largement répandu : les adversaires sont séparées de vingt ou trente pas et ils doivent attendre le signal (« feu ») soit en tenant leur arme le long du corps soit en tenant le canon levé en l’air.
Le duel « à marcher » est légèrement différent dans la mesure où il autorise les combattants à s’avancer avant de tirer : ils réduisent ainsi la distance qui les sépare à quinze pas minimum augmentant le danger d’être touché
II. Les dangers d'un duel
II. Les dangers d'un duel
Les duels entrainent de nombreux dangers. Le premier est évidemment d’en ressortir blessé ou mort. Ainsi, au fur et à mesure des décennies, une alternative s’est développée : celle du duel au premier sang. Le premier à blesser son adversaire se voit déclaré vainqueur du combat.
illégalité
En outre, face à la perte d’un nombre très important de Gentilhomme, les rois ont entrepris de réguler la pratique des duels. Ainsi de nombreux souverains ont édicté des interdictions : les édits d’interdiction se multiplièrent (en 1599, 1602, 1613, 1617, 1623, etc.). Néanmoins, les souverains, issus de la même éducation que les duellistes, ont souvent conservé une attitude favorable à leur égard. C’est ainsi, qu’en même temps qu’ils les interdisaient, ils offraient aussi à leurs courtisans des lettres de grâce, annulant leurs effets : Henri IV en signa 7 000 en 19 ans !
Toutefois, les gentilshommes prudents se firent plus discrets et cachèrent leurs combats interdits. Les bois et clairières étaient des endroits idoines pour ces combats clandestins. En région parisienne, les bois de Boulogne et le parc de Sceaux étaient particulièrement appréciés au lever du jour ou la nuit tombée. Il s’agissait de ne pas se faire prendre par la police et arrêter.
Professions propices
De fait, certains métiers plus susceptibles de l’autre à voir un individu une arme à la main. Ainsi les professions de lettres et les journalistes étaient parmi les plus nombreux à se défier. Parmi les derniers ont peut citer l’un des plus flamboyants d’entre eux Henri Rochefort qui se rendit non pas une fois, deux fois ou trois fois au combat, mais bien 20 fois !
Les témoins
Comme nous l’avons vu, les témoins avaient un rôle important. Ils n’étaient pas non plus à l’abri du danger. Combien de fois reçurent-ils les balles destinées à d’autres. De fait, c’est un de ces incidents qui marqua le déclin de la pratique : lorsque Pierre Bonaparte cousin de l’empereur tua Victor Noir. Mais ce sujet mérite un article en lui-même et qui sait même tout un roman.
III. un duel célèbre
III. un duel célèbre
Clémenceau /Deschanel
Clémenceau Deschanel : Dans son journal, La Justice, Clemenceau avait répliqué et traité Deschanel de « jeune drôle », alors qu’il avait plus de 40 ans, et avait écrit : « il s’est permis de baver sur moi hier à la Chambre. Ce polisson […] profère à l’égard de La Justice des allégations qu’il sait mensongères. M. Paul Deschanel est un lâche. M. Paul Deschanel a menti. »
Se sentant injurié, Deschanel avait alors exigé de Clemenceau qu’il retire son article ou « une réparation par les armes ». Clemenceau refuse tout net de retirer son article et le duel aura lieu.
Ce dernier sera déséquilibré car Clemenceau est un habitué des duels et manie aussi bien l’épée que le pistolet tandis que Deschanel est novice en la matière.
Les deux hommes se rencontrent chez le comte Cornudet, député de la Creuse, qui a mis sa propriété à la disposition des duellistes.
Le lendemain, à 10 heures moins le quart, Deschanel et Clemenceau arrivaient sur les lieux dans leur landau respectif. Depuis une heure déjà, l’un des jardiniers du Comte Cornudet préparait la place où devaient se dérouler les assauts. C’était une allée couverte, assez large, longée par un petit étang. Bref, un cadre champêtre à la hauteur de l’évènement.
Après les usages — mesure de l’épée, tirage au sort des places et des lames — le combat s’engage dès le commandement de M. Ranc, député de la Seine. « Allez, Messieurs ! »
Deschanel se défend bien, mais c’est Clemenceau qui remporte le combat. L’empreinte de son épée marque le légèrement corps de Deschanel. Le règlement est très strict et stipule que le duel doit être arrêté lorsque le sang a coulé. Clemenceau ne retirera pas ses écrits.
À noter que des policiers étaient présents non pas pour arrêter ce duel interdit, mais pour contenir la foule qui s’était rassemblée autour des deux combattants.
Le « polisson » Deschanel se vengera vingt-cinq ans plus tard. Clemenceau se présente à la présidence de la République en 1920, porté par son rôle pendant la Première Guerre. Deschanel remporte l’élection à la surprise générale face au père de la victoire et devient le onzième président de la IIIe République. Il succède ainsi à Raymond Poincaré.
Le dernier duel
Le dernier duel récence est également un duel politique.
Il a eu lieu en 1967 et oppose le maire de Marseille de l’époque qui s’appelait Gaston Deferre à un député René Ribière. Deferre un jour é cirer dans l’Assemblée national à Ribière « Taisez-vous abruti ». Alors Ribière l’a provoqué en duel. Le 21 avril 1967 a eu lieu entre eux, donc, le dernier duel d’honneur connu en France.
Bonne lecture et à très vite!
Ping : le ras-du-cou dans l'histoire... - Adélaïde D'Antain