le ras-du-cou dans l’histoire…

Question : qu’est-ce qu’un ras du cou ?

 

Laissez-moi vous présenter ce bijou que j’affectionne particulièrement.

Le collier ras du cou se décline en de nombreuses variantes. Il peut consister en un ou plusieurs rangs de chaines ou de perle enfilées, ou bien en un ruban, une cordelette ou une lanière, tous orner ou non de perles, de pierres précieuses et semi-précieuses, de strass ou d’autres éléments décoratifs. Des médaillons, caméos et pendentifs sont couramment portés avec ces colliers serrés et les épingles du type épingle à cravate sont piquées de préférence dans ceux réalisés en velours ou en gros grain.

Le fermoir par lequel ce collier est tenu au cou est le plus souvent une agrafe de bijou classique plus ou moins ornementée. Reliant les deux extrémités de la pièce, celle-ci est généralement fermée sur la nuque, plus rarement sur le devant. Les tours de cou de matières textiles peuvent aussi être attachés par des fermetures autoagrippantes ; ceux d’une longueur suffisante sont en toute simplicité tenus par un nœud. Le choker en cuir est fréquemment muni d’une boucle.

I. Un peu d'Histoire

Le ras du cou, un collier qui étrangle, entoure et enserre la gorge des demoiselles, depuis des centaines d’années.
Ce collier est passé d’un symbole de violence à un symbole du « girl power ».
Le collier ras du cou a une histoire… On l’a connu sous les formes les plus variées : du collier ras-du-cou « tattoo » en plastique des années 1990 adulé par toutes les petites filles, au collier ras-du-cou à piques, inspiré du mouvement punk, au ras-de-cou « Sex » très populaire et dans un style sadomaso…

 Remontons un peu dans le temps:

Les premières traces du collier ras du cou datent aux premières civilisations : la Mésopotamie et l’Égypte ancienne. À l’époque, les bijoux portés si près du corps (et notamment du cou et de la tête) étaient censés protéger ces endroits sensibles, tels des amulettes.

Le ras cou refait son apparition en France, sous le règne de Louis XVI. En effet, quelque temps avant la révolution, on peut voir Marie Antoinette porter des ras du cou souvent en tissus ornés de dentelles et d’un nœud lors de ses promenades à son hameau où elle aimait jouer les bergères. Lors des soirées ou de sa présence à Versailles, le ras cou est couramment une double rangée de perles.

L’un des premiers ras du cou dans l’histoire occidentale est celui d’Anne Boleyn, épouse de Henri VIII, roi d’Angleterre. On retrouve le ras du cou en France, à la fin du XVIIIe siècle, en 1789, pendant la Révolution française. Les femmes de la bourgeoisie avaient adopté le ras du cou, souvent fait de tissus et orné d’un nœud sur l’avant, assorti à leurs robes. À cette époque, porter un ras du cou noir signifiait alors peut-être, offrir ses services.

On retrouve une fois de plus le ras du cou dans la sphère royale au XXe siècle où certaines reines s’offraient d’incroyables colliers ras du cou diamanté.
C’est l’accessoire « hot » du moment, mainstream, mais qui te donne ce petit coté edgy. Sexy, mais dadas. Une personne qui déchire !

anne Boylin porte un ras-du-cou

II. Un bijou qui sied aux célébrités

olympia de edouard manet

Dans les années 1880, le ras du coup était un bijou de choix pour les femmes de tous les aspects de la société. Edward Manet a ainsi peint son Olympia nu, mais portant un fin ruban noir autour du cou. Il est alors pensé comme un symbole de la prostitution, mais 10 ans plus tard, Degas immortalise ses danseuses avec le même attribut.

Alexandra of Denmark, Queen consort du roi d’Angleterre Edward VII était également une amatrice de rase du cou. Certains racontaient qu’il s’agissait pour elle de dissimuler une cicatrice qui marquait son cou. La plupart des photos de la reine Alexandra la montre portant des ras du cou élaboré et très travaillés ornés de pierre précieuse menant ainsi à l’essor des ras du cou comme un accessoire très à la mode au tout début du XXe siècle et plus avant dans la période art déco. 

Entre les années 1920 et 1930, le ras cou devient le collier de chien. Le joaillier René Lalique (1865-1945) crée de ras cous montant, parmi tous ses bijoux. Il n’hésite pas à utiliser diverses matières comme la corne, l’ivoire, le verre, pierres semi-précieuses, émail, etc. Il est d’ailleurs surnommé le étant l’inventeur du bijou moderne, marquant ainsi la période de l’art nouveau et de l’Art déco. La guerre de 1939-1945 provoque la disparition de cette mode qui reviendra un peu en 1947 avant de retomber dans l’oubli.

alexandra du danemark photo

Les starlettes ont repris le bijou dans les années 50,60 et l’ont remis au gout du temps. Il ne s’agissait plus de collier élaboré, mais on est revenu à des bijoux simples comme le démontre « les hommes préfères les blondes » ou Marylin Monroe d’affichait avec l’un d’entre eux. Dans sa prestation iconique dans « les diamants sont les meilleurs amis des femmes », son iconique robe rose était accessoirisée par un ras du cou.

Dans les années 90, une nouvelle tendance rappelle cette mode : celle des tatouages de collier au creux du cou.

Plus proche de nous encore, dans les années 2010 Kim Kardashian s’en est fait l’ambassadrice. Elle en a ainsi porté des pour Lorraine Schwartz. Certains modèles pouvaient atteindre un million de dollars.

Le ras du cou n’est pas réservé aux américaines puisque Kate Middleton s’est affichée avec l’un d’entre eux. Celui-ci lui avait été offert par la reine Elizabeth qui l’avait déjà prêté à la princesse Diana qui en portait fréquemment dans les années 1980s.

III. Le ras-du-cou dans la litterature

L’intrigue fantastique d’une femme morte-vivante guillotinée à Paris sous la Terreur et dont un tour de cou sombre retient la tête en même temps que la vie a été mise en scène par plusieurs auteurs de nouvelles. Pleurant au pied de l’échafaud, la belle inconnue est découverte par un jeune Allemand qui « l’amène chez lui, passe la nuit avec elle et la découvre le lendemain morte dans son lit avant d’apprendre que [elle] a été décapitée la veille ; le collier dégrafé, la tête roule ».

Washington Irving imagine cette histoire dans L’aventure de l’étudiant allemand publiée dans le recueil Contes d’un voyageur (1824) 1.

Petrus Borel l’adapte dans Gottfried Wolfgang (1839, paru en 1843) .

Alexandre Dumas, mon auteur favori, s’en inspire pour la nouvelle La femme au collier de velours (1849). Il fait évoluer dans la ville de Paris de l’époque révolutionnaire l’auteur allemand de contes fantastiques E.T.A. Hoffmann. Un soir, au théâtre de l’opéra, celui-ci tombe amoureux à en perdre la raison de la belle ballerine Arsène. Incarnant une nymphe, elle est curieusement parée d’un « étrange » collier de velours retenu par une « lugubre agrafe de diamants » en forme de guillotine.

Voilà, j’espère que cet article « zoom sur » vous a plu ! Si vous appréciez cette rubrique n’hésitez pas à regarder le billet « En garde » sur le duel à travers les âges. 

Bonne lecture et à très vite!

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