Prosper Mérimée: Le confident d’Eugénie

Un personnage essentiel de mon préquel « De sang et de velours » est Prosper Mérimée. Je le connaissais en tant qu’écrivain. Certains d’entre vous ont probablement étudié une de ses nouvelles comme la Vénus d’Île ou colombe ou un de ses textes. Toutefois, ici ce n’était pas en tant qu’auteur qu’il a attiré mon attention, mais en tant qu’un des rares écrivains proches du Second Empire.

Prosper Merimée : une belle jeunesse

portrait de Prosper Mérimée

Prosper Mérimée nait à Paris dans un milieu bourgeois et artistique en septembre 1803. De 1812 à 1819 il étudie au Lycée napoléon, parallèlement il s’adonne à l’aquarelle et la peinture à l’huile. Il entre ensuite à la faculté de droit, passage obligé pour l’élite de l’époque, mais il s’intéresse aussi à la philosophie et aux langues.

D’un commerce agréable et mondain il fréquente les salons à la mode dont celui de madame Récamier ou l’introduit son ami Ampère, celui du baron Gérard où il côtoie Ingres et Delacroix et surtout le « grenier » d’Étienne Delécluze où il fait la connaissance de Sainte Beuve et d’Henri Beyle-Stendhal qui devient son ami proche malgré leur différence d’âge de vingt ans.  Au cours des années suivantes, ils voyageront ensemble puis rompront en raison de la réussite sociale de Mérimée, semble-t-il.

Il publie plusieurs ouvrages : le théâtre de Clara Gazul, la jacquerie — scènes féodales, chronique du règne de Charles IX. Il fait une incursion dans le roman historique.

Les œuvres de Mérimée ne sont pas sensationnelles. Il donne des faits authentiques et reste sobre dans son expression.

À partir de 1829, il publie dans la revue des deux mondes des nouvelles qui fonderont sa célébrité.

Prosper Merimée : Un voyageur et un amoureux de la culture.

 Mérimée, grâce à son amitié avec Stendhal avant qu’elle ne s’étiole, devient le chef du cabinet du ministre du Commerce puis de l’Intérieur. Il entre au Conseil d’État comme maitre des requêtes et reçoit la Légion d’honneur.

Cependant, le tournant de sa carrière intervient en 1834 quand il devient inspecteur général des monuments historiques. Il sillonne désormais la France du Nord à la corse et de la Bretagne au bourgogne pour y repérer les chefs-d’œuvre en péril.

Il voyage aussi à travers tout le continent et pousse jusqu’en Asie Mineure à la découverte de sites extraordinaire.

Il découvre l’Espagne entre juin et décembre 1830 et fait des rencontres qui bouleverseront sa vie.Il se lie d’amitié avec la comtesse de Montijo et devient le précepteur de ses deux filles Paca et Eugenia de Montijo. Il leur donne des leçons de français et d’histoire.

 

Les années passent et il reçoit les honneurs : il est élu à la l’académie d’inscriptions et belles-lettres puis à l’Académie française au fauteuil de Charles Nodier.

Il a été choqué par la révolution du 1848 et devient profondément conservateur. Il soutient le président Louis Napoléon Bonaparte puis son coup d’État du 2 décembre 1851 même s’il ne le connait pas personnellement.

Cela changera rapidement.

Prosper Merimée : Dans l’intimité des souverains.

photo de prosper Mérimée

Napoléon III épouse Eugénie de Montijo, son ancienne disciple. Même s’il a dissuadé la jeune fille d’épouser l’empereur sans y parvenir, le voici propulser dans les cercles intimes des dirigeants. En effet, Eugénie le fait venir à la cour et Napoléon III propose à ce dernier le poste très lucratif de secrétaire des commandements de l’impératrice ou la direction des archives de l’empire. Il accepte cependant une autre mission : une nomination au benêt impérial assortie d’une dotation annuelle de 30 000 francs sur insistance d’Eugénie.

Il use de son influence essentiellement dans le domaine de l’art : ils demandent un crédit en faveur des artistes et dénoncent la politique cléricale du régime. Il n’en est pas moins d’une ronde fidélité au régime. Il est d’ailleurs récompensé par des missions de confiance : en 1858 il rédige un rapport de réorganisation de la bibliothèque impériale, un texte qui sera appliqué jusqu’au XXe siècle, il fait aussi parti des collaborateurs de Napoléon III qui l’aident à préparer une son Histoire de Jules César.

Tout au long de ses années il ne quitte pas Eugénie qu’il suit dans les palais au gré des pérégrinations de la cour : Tuilerie, Saint-Cloud, Fontainebleau, Compiègne. Il est aussi un des rares à l’accompagner à l’étranger.

Il joue également le rôle de bouffon lettré de la cour. C’est lui qui invente l’expression. Cela implique d’organiser des jeux de société et saynètes, ainsi que des dictées….

Son courtisianisme lui vaut le mépris de ceux qui étaient autrefois ses amis, notamment les orléanistes. Victor Hugo ne manque jamais une occasion de le fustiger durant son exil. Il dénonce aussi les avant-gardes celle des lettres et de la poésie baudelairienne, au roman flauberien.

Néanmoins, il fatigue et supporte de moins en moins les obligations de la cour, les diners trop copieux, les promenades fatigantes. Hypocondriaque, il est préoccupé par sa santé. Dans les années 1860, il est victime de crise d’asthme et de bronchites récurrentes.

En 1870, sa fidélité le pousse à accepter de siéger au comité central du plébiscite alors qu’il a refusé par deux fois le ministère de l’Éducation. Puis, alors que les défaites contre le Prusse se multiplient, Eugénie l’envoie auprès de Thiers pour lui demander son soutien. Cependant, il est très malade.

La chute de l’empire et la disgrâce du couple impérial l’affectent énormément. Il ne leur survit pas puisqu’il meurt le 23 septembre 1870.

Le paysage est plat comme Mérimée dira Hugo.

L’homme a aimé la vie de salon et de cour tout en connaissant les limites et en se montrant de plus en plus critique à leur égard.

Il reste dans la mémoire collective pour la qualité de la production littéraire et pour sa défense du patrimoine architectural français.

Bonne lecture et à très vite!

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