Petit plaisir: raconter une histoire courte. Pour cet exercice je me suis amusée avec la prosopopée. La quoi???? me demanderez vous?
oh si je vous disais tout vous n’iriez pas jusqu’au bout. Alors retrouvez moi à la fin de ce billet pour avoir la réponse à cette question qui désormais vous taraude. je sais que vous ne trouverez pas le sommeil sans avoir levé ce mystère!
Me voici devenu une star ! Qui l’eût cru ! À mon âge ! Que l’existence est étrange ! On m’a porté dans toute la ville, photographié au dernier l’iPhone dans tous les lieux iconiques de la capitale. J’ai même eu une visite des journalistes de Bfm.tv ! Et maintenant on me place sous la lumière des projecteurs. Que c’est bizarre et agréable à la fois ! Moi qui traine depuis longtemps ma vieille carcasse, je me fais pomponner. Quelle surprise ! J’ai conscience d’employer les exclamations à l’excès, mais elles seules sont en mesure de transmettre mon étonnement.
Je garde un souvenir ému de mon passé. Je suis fier de mes faits d’armes : ces journées et ses nuits à accompagner les Parisiens dans leur quotidien. Rien ne m’effrayait. J’étais sans peur, quelles que soient les circonstances. Qu’il vente, qu’il neige, je répondais présent quand ils avaient besoin de moi. J’ai été le témoin des époques qui passent, des temps qui changent. Empire, République, guerre, paix. J’ai tout vécu ! Tout vu ! Que dire de l’évolution de la société. Je ne parlerais même pas de la mode. Imaginer veiller sur une bourgeoise guindée sous Napoléon III puis sur un punk aux multiples piercings. Dans tous les cas, j’étais là, sans jugement, juste pour laisser les gens se poser quelques instants.
’avais beaucoup de succès auprès des dames. Ha ! Qu’elles étaient élégantes autrefois. Les jeunes filles des années 60 n’étaient pas mal non plus avec leurs tenues colorées et leurs jupes courtes. Je rougissais presque lorsqu’elles m’approchaient. Les femmes m’émoustillaient avec leurs dessous affriolants. Elles m’ont aidée à traverser les époques dans la gaité et la sérénité. Mais, je ne dois pas verser dans la nostalgie aveugle. Mon existence n’a pas été un long fleuve tranquille. J’ai pris des coups notamment en mai 68. On m’a même déboulonné. J’en souffre encore. Mon pied a été endommagé. Je n’ai jamais complètement récupéré. Pire, cela s’est infecté quand les Parisiens ont commencé à adopter des chiens et à les faire pisser partout.
En parlant de pieds, je détestais quand on me les posait dessus ou quand on s’asseyait sur mon dossier. Ma silhouette est explicite, pourquoi les gens cherchent-ils toujours à faire compliquer. C’est un manque de respect ! Il y avait aussi ceux qui s’allongeaient sur moi. Eux, je ne leur en veux pas, souvent ils n’avaient pas le choix et se refusaient à dormir à mène le sol. Je les comprends. C’est vrai qu’avec mon siège en chêne, cela devait être un peu mieux que par terre. Au moins, ils évitaient les rats parisiens et la saleté de la ville. Les amoureux m’appréciaient aussi. Ils restaient collés serrés contre moi. On faisait des pyramides. Lui sur moi, elle sur lui. Cela pourrait être le refrain d’une chanson.
Oh ! encore un souvenir qui remonte : savez-vous qu’ils ont même fait un tube à mon propos : « Banc public ». Aucun doute ! J’étais la source d’inspiration de Georges Brassens. Mais rien de pathétique chez moi : que du bonheur et du partage. Il faut dire qu’avec mon piètement en fonte vert bouteille, j’en jette ! sinon pourquoi me racheter à Drouot et m’offrir à la Mairie de Paris pour lui rappeler la beauté et le charme de son patrimoine historique. On va même m’exposer au pavillon Baltard en attendant de me redonner ma fonction première dans les rues de la capitale. J’ai hâte. Moi, banc Davioud, 160 ans, 124 kg et 2 mètres 25, j’ai une classe folle et encore un bel avenir devant moi ! Alors, rendez moi visite un de ces jours. Je serais honoré de recevoir votre fessier. Et qui sait, la magie opérera peut-être et vous déciderez de rester discuter.
petit texte sur le cadeau du groupe #saccageParis à la Mairie de Paris
Allez pour ceux qui ont enduré ce texte, la réponse tant attendue!
La prosopopée est figure de style par laquelle l’orateur ou l’écrivain fait parler et agir un être inanimé, un animal, une personne absente ou morte – in CNRTL : https://www.cnrtl.fr
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