Peu de personnages apparaissent dans Le Cinquième Homme et De sang et de velours. L’un d’entre eux fait toutefois une entrée remarquée à la fin du second : Louis-Alphonse Hyrvoix. Il semble tout savoir, tout maitriser… Bref, l’âme damnée parfaite pour Napoléon III
Laissez-moi vous le présenter
Louis-Alphonse Hyrvoix, nait le à Paris et meurt le dans sa ville natale. Il est d’abord négociant avant de devenir fonctionnaire. Mais, il ne s’agit pas de n’importe quel type de fonctionnaire. Non ! En tant qu’inspecteur général de police des résidences impériales de 1854 à 1867, il est de facto, le chef du service de protection de Napoléon III et dirige sa police secrète.
Bonapartiste dès avant le Second Empire, Hyrvoix est l’un des membres fondateurs et administrateurs de la société du dix décembre (organisation bonapartiste française fondée en 1849 et dissoute le ).
Au début du Second Empire, Alphonse Hyrvoix est sous-chef de la police municipale relevant de la préfecture de police de Paris. En , il succède à Barlet au poste de commissaire des résidences impériales. Un décret du 1er juin lui donne le titre d’« inspecteur général de police des résidences impériales ». Le service qu’il dirige désormais est composé d’une trentaine d’agents détachés par la préfecture de police au service de l’Empereur. Toutefois, son réseau et bien plus étendu que cela car il détient des informateurs dans toutes les strates de la société française…
Dans le cadre de ses fonctions, il doit protéger Napoléon III des attentats et c’est dans cette tâche qu’on le découvre dans le cinquième homme.
Il a également une attribution un peu moins glorieuse mais autrement plus périlleuse et politique. Il lui faut surveiller l’Empereur ! Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’espionnage. Seulement Napoléon III a la fâcheuse habitude et plaisir de s’échapper de la surveillance de ses protecteurs, les cent-gardes et des agents de son commissaire. L’empereur avait développé des compétences expertes pour leur fausser compagnie… Si parfois, il ne cherchait qu’à profiter d’une promenade nocturne et anonyme ainsi qu’à répondre à son besoin d’inimité et de paix intérieure, il n’en allait pas toujours ainsi. Napoléon III avait un gout, très, très prononcé pour les belles femmes et tentait souvent de rejoindre ses maitresses sans que les policiers ne le sachent.
Il n’y réussissait pas toujours, non plus qu’à dépister le service chargé de veiller à sa sûreté…
Il se murmure d’ailleurs que ce sont justement les maitresses de Napoléon III qui furent la raison de la disgrâce d’Hyrvoix en novembre 1867, année durant laquelle le commissariat aux résidences impériales fut tout simplement supprimé et que l’homme fut nommé au poste de trésorier-payeur général du Jura… Bref, une condamnation à l’exil.
En effet, l’impératrice Eugénie aurait ainsi voulu priver Napoléon III d’un auxiliaire utile à la protection de sa vie extraconjugale. Elle aurait aussi découvert que le commissaire évoquait un peu trop librement les aventures de son époux dans sa correspondance avec sa propre maitresse. Ces infidélités seraient même parvenues jusqu’aux oreilles de la presse… Scandale ! Elle avait là toutes les excuses nécessaires pour se débarrasser du puissant complice de son époux bien que les accusations n’aient jamais été prouvées.
Toutefois, Arsène Hussaye expose Une autre version des faits. Dans ses Confessions, il explique qu’Eugénie se soit offusquée de la franchise avec laquelle le policier aurait rapporté à l’empereur les grondements de la rue à propos de « l’Espagnole ».
Hyrvoix resta toujours fidèle à l’Empereur. Ainsi, c’est en s’apprêtant à se rendre à l’église Saint-Augustin pour y assister à une messe en mémoire de Napoléon III, qu’Alphonse Hyrvoix fut victime d’une attaque d’apoplexie le . Il meurt le 12 janvier à son domicile du no 85 de la rue du rocher. Il est inhumé à Saint-Mandé.
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