L’heure est venue pour mes recommandations de romans
historiques. Il ne s’agit pas ici de commenter des sorties, mais de vous
parler de mes découvertes au fil de l’eau. Policier,
épopées, aventures, expériences de vie, drame, antiquité, renaissance,
guerre, français, étranger, je ne discrimine pas ! La seule cohérence
que vous trouverez est celle de mon plaisir et de l’envie de
découverte !
Enfin, peut-être que ces romans vous offriront
quelques indices sur mes romans à venir… Mais ne vous fiez toutefois pas
aux apparences. Elles peuvent être trompeuses.
Alors, allons-y, ce mois-ci c’est avec un grand plaisir que j’évoquerai avec vous cinq romans.
Le Turquetto de Metin Arditi (renaissance vénitienne)
Le Turquetto de Metin Arditi (renaissance vénitienne)
Voici sa Quatrième de couverture
Se pourrait-il qu’un tableau célèbre soit l’unique oeuvre qui nous reste d’un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne ? Un égal du Titien ou du Véronèse ? Né à Constantinople en 1519, Elie Soriano a émigré très jeune à Venise, masqué son identité, troqué son nom contre celui d’Elias Troyanos, fréquenté les ateliers de Titien, et fait une carrière exceptionnelle sous le nom de Turquetto : le « Petit Turc ». Metin Arditi retrace le destin mouvementé de cet artiste, né juif en terre musulmane, nourri de foi chrétienne, qui fut traîné en justice pour hérésie…
le Turquetto est l’histoire d’un enfant puis d’un homme qui n’a qu’une passion: dessiner et peindre, mais c’est interdit par sa religion. Il s’enfuit de Constantinople et s’installe à Venise où il va réaliser son rêve: vivre de sa peinture mais une nouvelle fois, pour des questions de religions, il doit le faire sous une nouvelle identité. le Turquetto est né. Il devient rapidement un des plus grands peintre de la ville. le succès est au rendez vous jusqu’à ce qu’il soit découvert. Il perd tout, son œuvre est brulée et parvient à garder la vie uniquement en étant forcé de s’enfuir. Ses pas le ramènent à Constantinople et il réapprend à vivre à l’aide d’un mendiant. Il apprend à se connaître et se pardonner.
De nombreux thèmes difficiles sont abordés dans ce roman: l’intolérance des religions, la peinture, la filiation, la quête de soi, de son identité. Lorsque l’on commence on est pas sûr de le terminer mais ceux qui s’accroche on bien raison. Une grande humanité fini par s’en dégager. On découvre au fur et à mesure différente facette des personnages. On apprend à les apprécier. On prend plaisir à découvrir les couleurs de Venise et de Constantinople à sentir les épices et entendre des langues aux accents musicaux.
J’avoue comme de nombreux autres lecteurs je me suis laissée prendre au piège et je me suis prise à chercher « le turquetto » sur Google, mais malheureusement, il s’agit d’une invention de l’auteur. Le mystère du tableau de Titien demeure.
Chardin et la petite table de laque rouge, Alice Decker (XVIIIème siècle)
Chardin et la petite table de laque rouge, Alice Decker (XVIIIème siècle)
Au soir de sa vie, alors qu’il prépare l’une de ses dernières expositions au Salon, Jean Siméon Chardin, peintre du silence et de la pudeur, consent à se dévoiler. Dans une confession à son fils, le peintre de La Raie et de L’Enfant au toton, qui n’eut pas son pareil pour révéler la beauté présente dans les choses les plus humbles, revient sur les oeuvres qui lui ont valu sa renommée. De toile en toile, le maître de la nature morte, pour qui le réel était une vérité suffisante, retrace sa carrière, donnant aussi à voir les doutes de l’artiste et les faiblesses de l’homme. Reconnu aujourd’hui comme un avant-gardiste, Chardin fut considéré par certains de ses contemporains comme un peintre marginal, voire mineur. C’est également à une promenade dans le monde artistique du XVIIIe siècle qu’Alice Dekker nous invite
Un livre touchant. Au crépuscule de sa vie et de sa carrière de peintre, Jean Siméon Chardin écrit une lettre confession à son fils unique décédé. Il se révèle à travers ses fiertés, ses blessures et ses regrets. Alice Dekker avec une belle écriture sait nous parler de Chardin et de sa peinture. L’homme est passionné par son art, peu lui importe au final de ne pas peindre ces grandes scènes d’histoire qui le faisaient rêver quand il était jeune, il a été reconnu par le roi qui lui a offert un logement au Louvre et une pension. Il en est très fier. Il aime provoquer, faire évoluer les regards.
Son plus grand regret reste sa relation avec son fils. Que s’est il passer? Comment en sont ils arrivés là? Nous n’en sommes pas certain mais on découvre une douleur chez le peintre faite de regrets et de tristesse
La vie secrète de Violet Grant de Beatriz Williams (XXème siècle)
La vie secrète de Violet Grant de Beatriz Williams (XXème siècle)
Du New York des sixties au Tout-Berlin d’avant guerre, en passant par Londres et Paris, une saga trépidante, le portrait de deux femmes indomptables, au destin bousculé par la passion, la soif d’indépendance et le goût du scandale.
New York, 1964.
Vivian Schuyler, petite fille fortunée de la Ve Avenue, a décidé de rompre avec les conventions familiales pour prendre son indépendance et tenter de se faire un nom dans le journalisme. Mais comment trouver le matériau du scoop qui lui vaudra la consécration dans ce sérail dominé par les hommes ?
Alors qu’elle végète à un poste de pigiste, Vivian reçoit un colis qui va radicalement changer sa vie : une valise, égarée depuis cinquante ans, qui aurait appartenu à sa grand-tante Violet, elle-même introuvable depuis 1914.
Qu’est devenue cette brillante scientifique, qui rêvait de devenir la première grande physicienne américaine ? La rumeur familiale qui voudrait qu’elle ait fui l’Europe au bras de son amant après avoir assassiné son époux est-elle vraie ?
Des questions qui passionnent bientôt l’apprentie journaliste. Aidée de Paul, un charmant chirurgien découvert à la Poste en même temps que le bagage, Vivian mène une enquête qui va l’obliger à remonter le cours de l’Histoire pour suivre le périple d’une étudiante passionnée, d’une amoureuse écartelée entre sa carrière et son cœur, d’une femme rebelle et indépendante au destin pavé de drames et de lourds secrets…
La vie secrète de Violet Grant est un roman historique comme on aimerait en lire plus souvent. J’ai dévoré ce livre pour mon plus grand plaisir. Les presque six cents pages ne m’ont pas résistées bien longtemps.
La vie de Vivian Schuyler va être bouleversée du jour au lendemain : la cause une valise que la poste lui a fait suivre qui n’est pas à elle, mais à une grande tante dont elle ne connaissait pas l’existence. Cette jeune fille qui voudrait se faire une place de journaliste à une époque et dans un milieu où les femmes ne sont pas censées travaillées va tout faire pour comprendre la vie de cette femme qui a été accusée d’avoir tué son époux un scientifique éminent pour fuir avec son amant, mais les apparences ne sont pas toujours celles que l’ont crois surtout à un moment où la Première Guerre mondiale menace d’éclater.
Peu de temps auparavant, je faisais la critique d’un autre excellent roman : les sept maris d’Evelyn Hugo. J’expliquais que pour loi l’unique défaut du roman était la faiblesse de l’histoire dans le temps présent. Dans ce roman-ci, cette critique n’a pas lieu d’exister. On est attiré autant par ce qui se déroule dans les années 60s que l’histoire de passé qui s’écoule à l’aurée de la Première Guerre mondiale.
De fait le Vivan nous séduit immédiatement. Elle a un fort caractère, maline et plein d’humour. On ne peut lui résister et nous ne sommes pas les seuls, n’est-ce pas docteur Paul?! On la suit tentant de se faire une place dans un monde qui ne veut pas d’elle, mais nous n’avons aucun doute que sa détermination et son opiniâtreté viendront à bout de tous les obstacles y compris de ses problèmes sentimentaux.
Violet Grant devait aussi avoir un fort caractère pour parvenir tout d’abord à faire des études scientifiques à une époque où les collèges pour femmes enseignaient la couture et l’art de tenir une maison, puis pour ensuite pour devenir une chercheuse réputée et accomplie. de fait c’est ce que je n’ai pas compris dans le livre. Comment une femme de cette trempe qui a dû affronter le regard discriminatoire des hommes durant toutes ses études et sa carrière pouvait se faire marcher sur les pieds par un mari tel le professeur Grant ? Cette incohérence est pour moi le seul défaut du livre, mais il est vrai que le coeur a sa raison que l’esprit ignore, cependant il ne devrait pas la faire perdre, la raison justement.
En effet violet se fait manipuler par un professeur plus vieux qu’elle. Elle passe de l’adoration de l’étudiante à l’emprise de l’homme qui devient son époux. de fait elle ne connait pas réellement l’amour avant de rencontrer un certain Lionel Richardson. Mais les choses une nouvelle fois sont bien plus complexes qu’elle ne le semble.
Vivian va se retrouver à assembler une histoire des plus étonnante ou la science, le scandale et l’espionnage vont se mêler pour notre plus grand plaisir. Cependant, si ces thèmes sont palpitants, le livre aborde des questions plus difficiles, qui ne sont pas forcément des sujets qui font tourner les pages plus rapidement, mais qu’il est important de traiter. Parmi ceux-ci : un classique : la place de la femme dans la société que ce soit dans les années 1910 ou dans les années 1960s. de fait l’on oublie tellement facilement les progrès accomplis et les victoires encore à remporter. Ainsi j’ai été surprise lorsque le père d’un personnage exprime en 1960 « il n’y a que les putes qui travaillent ». Cette opinion est tellement révélatrice…. le livre aborde aussi ma question de la position du professeur face à la jeune fille étudiante. L’influence qu’il exerce sur elle et dont certains profitent. En cela l’expérience de Vivain et Violet est malheureusement identique à 50 ans d’intervalle. le livre se penche aussi les privilèges de la richesse dans une société divisée.
Les personnages sont tous parfaitement brossés. Si j’ai déjà évoqué Vivian et violet les deux protagonistes principales, il y a aussi toute une galaxie très intéressante de personnages secondaires : gogo, lionet Richardson, la comtesse et ma favorite « mamounette » (la mère de Vivian) qui est un personnage haut en couleur et qui va lui offrir le bonheur en vendant quelques bijoux, mais cela je vous laisse le découvrir.
Mon seul regret est peut-être le docteur Paul qui au départ avait tout pour plaire, mais se révèle finalement décevant et certainement humain, mais avec bien trop de défauts.
L’écriture est belle et très agréable à lire. Elle est énergique et s’adapte au rythme des évènements. Elle peut être saccadée ou romantique, douce ou énergique. Elle ne lasse pas et les pages défilent sans que l’on en ait conscience.
la Naissance de Vénus de Sarah Dunant (XVème siècle)
la Naissance de Vénus de Sarah Dunant (XVème siècle)
Alessandra Cecchi, fille rebelle d’un riche marchand d’étoffes florentin, coule des jours heureux dans la demeure familiale, entourée de tableaux de maître. Quand son père ramène avec lui de Hollande un peintre qu’il a embauché pour décorer une chapelle privée, Alessandra est immédiatement fascinée par le talent et la beauté du jeune homme. Mais le temps n’est pas à la légèreté dans la Florence du XVe siècle : la peste se propage, le moine Savonarole impose une féroce dictature morale… Et bientôt, on enchaîne Alessandra à un homme qu’elle n’aime pas. Toutes deux malmenées, l’orgueilleuse ville de Florence et l’impétueuse Alessandra partent à la conquête de leur liberté.
Beau roman de Sarah Dunant qui nous offre ici une fresque historique remplie de peinture, d’amour, de relations familiales complexes.
Elle s’écoule de la fin du règne de Laurent le Magnifique à Florence, à celui de son fils Piero de Médicis en passant par la période de crainte et de terreur créée par Savonarole. Une jeune fille traverse ces périodes difficile.s Elle s’appelle Alessandra Cecchi, elle est passionnée de savoir, de peinture et rêve d’une vie de la liberté. l’obtiendra-t-elle auprès du mari qui lui a été choisi? Qui est cet homme si proche de son frère? Son allant l’entraine pourtant plus du côté du peintre qui décore la chapelle de la famille. Quel sera son futur?
Nous suivons le chemin d’Alessandra avec plaisir. Nous rions et pleurons avec elle dans un monde en transformation où la femme n’existe pas en dehors du mariage et de la religion. Parviendra-t-elle à trouver sa place dans ce monde étriqué et rempli de jugement?
Le Fifre d'Edouardo Manet (XIXème siècle)
Le Fifre d'Edouardo Manet (XIXème siècle)
La jeune Eva Gonzalès, d’origine espagnole, a vingt ans lorsqu’elle est présentée, en 1869, à Édouard Manet, 37 ans, auteur de ce Déjeuner sur l’herbe qui a fait scandale six ans plus tôt. Elle n’écoute pas les avertissements de son père, feuilletoniste du Siècle, inquiet de la réputation sulfureuse du peintre. Son célèbre Fifre n’est-il pas le portrait d’un de ses fils adultérins ? Convaincue que son talent d’artiste peut éclore grâce à l’appui de Manet, Eva ignore que le peintre Alfred Stevens l’a dépeinte comme » une vraie maja au tempérament de feu, qui ne mesure pas à quel point elle est sensuelle « .Bientôt, elle devient une familière de l’atelier, et l’amante de Manet – mais aussi son élève la plus douée, au désespoir de Berthe Morisot… C’est le début d’une liaison clandestine, orageuse et magnifique, ponctuée de voyages, jusqu’à l’étrange disparition de la jeune femme, en 1872 : elle attend un enfant de cet homme marié qui a horreur du scandale… sauf en peinture. Mariée sans amour, Eva mourra en 1883, alors qu’elle tressait une couronne pour orner la tombe de Manet, décédé six jours avant elle…Fils d’Eduardo Rafael Gonzalès-Manet, Eduardo Manet met en lumière l’histoire d’une passion méconnue et fait revivre le Paris artistique du Second Empire, où passent les figures de Zola, Monet, Degas, Renoir, Fantin-Latour, Meissonnier, Durand-Ruel…
Très beau roman.
ce roman m’a touché. On pourrait le présenter comme un livre portant l’histoire d’amour de Manet et Eva Gonzales mais, il est tellement plus que cela/ c’est une immersion dans un milieu où la peinture est le personnage principal, où les arts sont à l’honneur et non conçu comme un plaisir que seulement quelques uns peuvent s’offrir.
Le fifre est aussi l’histoire d’une famille, celle de l’auteur, celle d’Eva Gonzales et aussi celle de sa jeune soeur Jeanne, elle aussi peintre, qui m’a beaucoup plus touchée que son ainée. Deux soeurs, deux peintres, deux profils qui se mélangent et surtout deux vies entrelacées, trop peut être.
Un beau roman, une belle histoire.
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