La publication du cinquième homme m’a emmené a faire des salons du livre et à rencontrer des lecteurs. J’ai compris au travers d’échanges que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux que les romans historiques pouvaient avoir mauvaise presse et étaient victimes de préjugés tenaces que je pensais pour ma part oubliés depuis longtemps.
En voici une petite liste ainsi que les réponses que je pourrais leur apporter. Évidemment, cette liste n’est exhaustive ni dans les idées préconçues ni dans les arguments permettant d’y répondre et vous êtes les bienvenus à la compléter et à poursuivre ce débat !
I. La plus triste : Il faut connaitre l’histoire pour la lire !
Cette affirmation est celle qui m’a le plus attristée lors des salons. Elle véhicule l’idée que la lecture de roman historique ne serait réservée qu’à une certaine élite qui aurait une culture intellectuelle et historique supérieure à la moyenne. Les romans historiques seraient érudits et pas abordables pour la majeure partie de la population.
Cette idée m’a véritablement navrée. Un bon roman historique doit emporter le lecteur, quelles que soient ses connaissances de la période concernée. Au contraire, un roman historique offre des connaissances au lecteur sans avoir l’air. Il l’enrichit sans jouer les professeurs. Il titille les esprits curieux et peut pousser le lecteur à chercher d’autres informations sur l’époque si et seulement s’il en a envie. Pour ma part, j’ai appris bien plus de connaissances sans m’en rendre compte en lisant les trois mousquetaires, vingt ans après et le vicomte de Bragelonne que pendant mes cours de collège !
II. Une hérésie : ressasser le passé ne sert à rien
Cette phrase m’a fait dresser mes cheveux sur la tête ! Je suis persuadée que se pencher sur le passé peut se révéler très instructif sous de nombreux aspects. D’une part, il me semble important d’apprendre de ses erreurs passées pour ne pas les reproduire. De plus, connaitre le passé permet de mieux appréhender le présent et les enjeux qui traversent notre société.
Enfin, s’intéresser aux passés permet de mettre un éclairage différent sur les évènements contemporains. Depuis que j’écris sur le passé je suis surprise à quel point, il me permet d’évoquer le présent et les enjeux de notre société contemporaine. Certains des débats et les arguments échangés ont peu évolué malgré les siècles écoulés. Sidérant.
III. La plus discriminante : seules les personnes âgées lisent ce genre d’histoire
Non, les séniors ne sont pas les seules personnes à s’intéresser au passé. Dans les méandres des siècles se cachent des milliers, que dis-je des millions d’histoires passionnantes qui peuvent intéresser des groupes différents de la population ! il y a des romances historiques, des épopées, des romans policiers ! Le passé recèle d’histoires pouvant satisfaire tous les gouts. Il s’agit juste de se laisser emporter par la plume de l’écrivain. Je cite une nouvelle fois Alexandre Dumas. Quand il écrivait ses feuilletons, toutes les tranches d’âges se retrouvaient à acheter le journal et discuter de ces romans !
Je revendique que le fait que mes lecteurs soient de tous les âges!
IV. La plus démoralisante : c’est trop sérieux pour ne pas dire barbant
Je pourrais ne rien développer et me contenter d’une nouvelle fois mettre en avant à Alexandre Dumas même si d’Artagnan du bout de son épée pourrait détricoter toutes ces pensées limitantes.
Je dis que cette idée est démoralisante, car cela signifie que la personne qui l’énonce n’a pas eu l’opportunité de lire de bons romans historiques, de ceux qui vous emportent, vous bousculent, de ceux que l’on refuse de lâcher tant qu’on ne les a pas achevés ;
Les romans historiques sont des romans comme les autres. Il y en a des bons et des moins bons, des écritures qui vous séduiront et d’autres qui vous laisseront de marbres. La qualité et le genre sont deux notions différentes.
V. La plus drôle : Il n’y a pas de suspense on sait déjà comment ça se termine
Pourquoi la plus drôle me demanderez-vous ? Et bien d’une part, je doute que les lecteurs de romans historiques connaissent tous les rebondissements de l’histoire, aussi érudits soient-ils. De plus, le suspense et savoir ce qui se passe dans l’histoire sont deux choses différentes.
Pour ma part, je peux connaitre la fin d’un roman et savourer la manière dont l’auteur s’y rend. De plus, connaitre les évènements de la grande histoire ne signifie pas connaitre la petite, celle des personnages, des émotions. Le suspense peut se trouver dans l’attente d’une lettre, d’un baiser, dans la découverte d’un traitre. Le suspense est dans l’attente, l’impatience. Il est dans le questionnement, dans l’ignorance de ce qui va suivre et la manière dont on délivre les informations. Rassurez-vous, les romans historiques ne manqueront jamais de vous surprendre.
Le petit mot de la fin
Un petit mot de la fin : bien sûr toute personne doit lire ce dont il a envie. Il ne s’agit pas de forcer quelqu’un à s’intéresser à un roman historique s’il n’apprécie pas. Par contre, je pense qu’il serait triste et dommage et triste de se priver de la lecture de roman à cause de préjugés coriaces et faux.
En tant que romancière qui écrit des romans historiques, mon but premier n’est pas de jouer au professeur avec le lecteur. Je souhaite le distraire, l’emporter dans une épopée et l’étourdir d’émotions. Mon roman doit lui permettre de s’évader du quotidien !
Si j’ai attisé votre curiosité, n’hésitez pas à vous pencher sur le cinquième homme.